Et si on était tout à la fois ?

Si je te demandais de noter tes qualités et tes défauts sur un papier, tu serais capable de le faire sans trop d’hésitation, non?

Avec le temps, on apprend à se connaître. On sait qu’on est plutôt comme ci ou plutôt comme ça.

"Je suis colérique."

"La ponctualité et moi, ça fait deux."

"Je suis une personne franche, je dis toujours ce que je pense."

"Je suis résilient."

Bref, on a notre liste bien établie : nos qualités d’un côté, nos défauts de l’autre.

Et bien sûr, il ne nous viendrait pas à l’esprit une seconde de dire qu’on possède une qualité et son contraire.

Si je suis impatient, je ne suis pas patient, n’est-ce pas?

On ne peut pas être les deux à la fois.

Ça n’aurait pas de sens…

C’est ce que je croyais aussi.

Et puis, au fil de mon cheminement avec Écoute ton corps, j’ai découvert quelque chose qui a bousculé toutes mes certitudes.

Et si nos qualités et nos défauts étaient indissociables ?

On croit qu’on est soit fort soit fragile.

Soit courageux soit lâche.

Soit généreux soit radin.

Mais la vérité, c’est qu’on est tout ça à la fois.

Pas forcément au même degré.

Pas à la même fréquence.

Ça dépend des moments.

Ça dépend du contexte.

Mais chaque trait de notre personnalité est comme une pièce de monnaie.

D’un côté, la qualité.

De l’autre, le défaut.

Tu ne peux pas posséder une pièce avec une seule face. Si tu as l’une, tu as forcément l’autre.

Le fait d’utiliser plus souvent un côté de la pièce que l’autre ne signifie pas que l’autre n’existe pas.

Prendre conscience de ça, ça change tout.

Parce que cette idée que l’on est comme ci ou comme ça, ce n’est pas la réalité.

C’est une construction de notre égo, un raccourci bien pratique pour nous ranger dans de jolies petites cases et éviter le changement.

Quand ton ego décide qui tu es… et t’empêche d’être toi

L’ego adore les étiquettes.

Ça le rassure. Ça lui donne une identité bien définie.

Et surtout… ça lui évite d’évoluer.

Je vais te donner un exemple concret.

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été une grosse bosseuse.

Indépendante financièrement dès mes 18 ans, j’ai travaillé dur pour m’en sortir.

Puis, dans ma vie active, j’ai continué sur ma lancée : poste de direction très jeune, rythme effréné, travail non-stop.

Travailler dur, être résiliente… c’était devenu mon identité.

Et franchement, sur le papier, ça avait l’air d’être une bonne chose.

Mais le problème, c’est que je n’étais plus qu’une seule face de la pièce.

Et qu’est-ce qui se passait quand j’avais besoin d’être l’autre côté?

Quand j’avais besoin de ralentir?

De prendre du temps pour moi?

De ne rien faire?

Impossible.

Si un week-end, j’avais envie de rester sous la couette sans rien faire, de binge-watcher une série* au lieu d’être “productive”… j’entendais alors cette voix dans ma tête :

💭 "Allez, grosse paresseuse, remue-toi un peu!"

💭 "Tu ne vas pas rester avachie toute la journée?"

💭 "T’as des choses à faire, motive-toi!"

Parce que pour mon ego, j’étais devenue Wonder Woman.

Et Wonder Woman, elle ne traîne pas en pyjama pilou-pilou à regarder Netflix.

Et les rares fois où, arrivée à ma limite, je cédais enfin à mon besoin de repos… je ne pouvais même pas en profiter.

La culpabilité me rongeait.

Parce que, dans mon esprit, c’était mal.

L’ego nous empêche d’évoluer (dans les deux sens)

Et ce mécanisme fonctionne dans l’autre sens aussi, avec les défauts que l’on s’attribue.

Prenons un autre exemple.

Il y a quelques années, fatiguée de ne pas aimer mon corps, j’ai voulu me mettre au sport.

Là c’était jour de fête pour mon égo!

💭 "Pff, arrête de te prendre pour une autre. Tu n’es pas sportive."

💭 "Ça va durer quoi, une semaine?"

💭 "Regarde, ça fait 5 ans que tu dis que tu veux arrêter de fumer et tu n’y arrives pas. Tu n’as aucune volonté, alors le sport, on en parle même pas."

L’ego, c’est un vrai sniper.

Il sait exactement où viser pour nous décourager.

Il est prêt à tout pour arriver à ses fins et il sait parfaitement comment nous manipuler.

Pourquoi?

Parce qu’il est figé dans le passé.

Il ne croit pas que nous puissions changer.

Ça lui ferait peur qu’on change.

Ça viendrait perturber cette réalité qu’il s’est construite et qu’il tient pour vrai.

Donc, il refuse de nous voir autrement.

• Il nous empêche d’accepter les parties de nous qu’il juge “inacceptables”. (Si je me permets de ne rien faire 👉 je suis paresseuse 👉 être paresseuse c’est mal.)

• Il nous empêche d’explorer de nouvelles facettes de nous-mêmes. (Si je n’ai jamais été sportive 👉 je ne le serai jamais.)

En gros, il nous enferme dans une prison mentale.

Et le pire, c’est qu’on ne se rend même pas compte qu’on est enfermé.

Et si on lâchait prise sur cette illusion ?

Nous sommes des humains.

On évolue.

On est paradoxal.

On est multiple.

Alors pourquoi ne pas nous autoriser à être toutes nos facettes?

👉 Être bosseur mais aussi procrastinateur.

👉 Être patient mais aussi impatient.

👉 Être fort mais aussi vulnérable.

À Écoute ton corps, ils disent souvent : "Plus on insiste, plus ça résiste."

Et c’est vrai.

Plus je m’empêchais de ralentir, plus j’en ressentais le besoin.

Parce que la clé, c’est l’acceptation.

C’est en acceptant d’être ce qu’on ne veut pas être… qu’on devient libre de s’en détacher.

Accepter toutes ses facettes c’est se donner le pouvoir de choisir

Aujourd’hui, j’essaie de ne me plus me définir plus à travers des qualités et des défauts.

J’essaie d’embrasser chaque partie de moi.

Je vois mes traits de personnalité comme des vêtements dans ma penderie.

Dedans, j’ai mon costume de Wonder Woman, mais aussi mon pyjama pilou-pilou.

J’apprends à porter ce pyjama.

Surtout, j’apprends à me sentir bien dedans.

Parce que plus je l’accepte, plus je peux remettre mon costume de Wonder Woman… sans qu’il ne devienne une armure.

Et toi… il y a quoi dans ton placard?

*binge-watcher = enchainer les épisodes d’une même série en restant assez longtemps devant l’écran.